Par Joame Baptisné
Daniel Lewis Foote, Envoyé Spécial des États-Unis en Haïti, chargé de rencontrer les acteurs pour résoudre la crise politique haitienne, est démis de ses fonctions le jeudi 23 Septembre 2021.Il a pris cette décision dans une correspondance qu’il a adressée à Anthony Blinken, Secrétaire d’État américain, à travers laquelle il a souligné sa déception par rapport à la déportation massive des milliers de migrants haïtiens par l’administration américaine ainsi que l’insécurité en Haïti.
C’est une lettre de démission cinglante que Daniel Foote a fait parvenir au secrétaire d’État Antony Blinken. L’envoyé spécial en Haïti, en poste depuis seulement deux mois, accuse le chef de la diplomatie américaine d’avoir « ignoré ses recommandations ».
M.Foote mentionne également son désaccord vis à vis l’expulsion forcée des milliers de migrants haïtiens par l’administration Biden ainsi que le climat d’insécurité qui sévit dans le pays, alors qu’il avait pour mission de rencontrer les acteurs politiques du pays pour trouver une issue à la crise qui perdure depuis des années.
Le diplomate américain quitte ses fonctions dans un contexte où le pays s’embourde un peu plus dans la crise. Et ce, malgré l’Accord politique du Premier Ministre Ariel Henry.
Plus inédit encore, il condamne l’ingérence des États-Unis dans la politique haïtienne et, récemment, leur soutien renouvelé a l’actuel Premier ministre haïtien par intérim, Ariel Henry. « L’arrogance », écrit Daniel Foot, de l’intervention politique internationale a systématiquement produit des résultats catastrophiques ». C’est la première fois qu’un haut fonctionnaire américain tient de tels propos sur le dossier haïtien.
La démission de Daniel Foote a été confirmée par le département d’État. « L’ambassadeur Daniel Foote a remis sa démission en tant qu’envoyé spécial en Haïti. Nous le remercions pour le service qu’il a rendu à son pays et au peuple haïtien », a déclaré le département d’État, cité par le Miami Herald. Le journal de Floride rappelle que depuis « la nomination de Daniel Foote, les conditions en Haïti n’ont fait qu’empirer, ce que Foote avait d’ailleurs reconnu, déclarant le mois dernier à un panel de la Florida International University que sa condition pour accepter le poste d’envoyé spécial était que les États-Unis ne répéteraient pas les mêmes erreurs en Haïti ».
Selon le désormais ex-envoyé spécial Foote, « les Haïtiens ont besoin d’une aide immédiate pour rétablir la capacité du gouvernement à neutraliser les gangs et rétablir l’ordre par le biais de la police nationale. Ils ont besoin d’un véritable accord entre la société et les acteurs politiques, avec un soutien international, pour tracer une voie opportune vers l’élection démocratique de leur prochain président et Parlement. Ils ont besoin d’aide humanitaire, d’argent pour livrer les vaccins Covid et bien d’autres choses ».
Daniel Lewis Foote affirme, dans sa lettre de démission, de ne pas vouloir être associé à la décision inhumaine des États-Unis de rapatrier des milliers de migrants haïtiens malgré la situation alarmante que connaît le pays d’où l’insécurité grandissante ,la prolifération des gangs et les milliers de personnes affectées dans le département du Grand Sud victimes du séisme dévastateur du 14 août.
Dans sa correspondance adressée à Anthony Blinken, secrétaire d’État des États Unis, M. Foote a mentionné d’autre part que ses recommandations pour résoudre les problèmes auxquels sont confrontés le pays n’ont été jamais pris en compte.
« Mes recommandations ont été ignorées et rejetées, lorsqu’elles n’ont pas été modifiées pour projeter un récit différent du mien », a dénoncé l’ambassadeur Foote.
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